RÉCIT – Evrard et Laurent nous ayant enfin rejoint, l’expédition prend un second souffle. Les premiers jours passés ici sur le camp d’Harefjord nous ont bien régénérés, et l’envie de repartir sur d’autres terrains de jeu se fait sentir !
La présence de Laurent Marie, pompier brestois et apnéiste comptant à son actif plusieurs expéditions en Arctique et en Antarctique, apporte une nouveauté dans l’équipe. Il nous régale de ses récits d’apnée avec des baleines de Minke (petit rorqual), des orques et des phoques léopards. Lors d’une de ses plongées, lui et ses collègues se sont mis à l’eau avec un groupe de baleines à bosses. Celles-ci sont restées quatre heures à danser avec eux, les frôlant de leurs nageoires massives sans jamais les bousculer (*).
Au petit déjeuner, Gaëlle démonte et minutieusement sèche son ordinateur qui a pris l’eau lors du coup de vent que Laurent et Evrard ont essuyé dans le fjord. Elle le remonte et tente de l’allumer : coup de chance, il fonctionne ! Laurent vérifie le caisson étanche qui lui permet d’emmener son reflex sous l’eau, et Olive prépare un système de sangles et de haubans pour fixer des GoPro sur les kayaks. Enfin, tout le monde est prêt avec son matériel pour aller fraterniser avec ces icebergs dont les formes nous attirent tant. Ingkasi met le cap sur le premier que nous avons repéré, trois piliers d’une quinzaine de mètres de haut émergeant d’une plaque de glace flottant au ras de l’eau.
Laurent et Evrard enfilent leurs combinaisons de plongées et grimpent dans les kayaks. Et voila les embarcations oranges qui filent silencieusement vers les tours blanches. Ce moyen d’approche nous apparaît aujourd’hui tellement adapté à l’eau miroir du fjord et à ce paysage grandiose ! Après avoir tiré les kayaks ‘au sec’ sur le replat central de l’iceberg, ils se glissent dans l’eau pour aller en explorer la partie immergée. D’où nous les observons, la scène est surréelle. Deux silhouettes noires qui nagent et plongent autour d’un énorme socle de glace, puis remontent dessus pour aller se promener au pied de ces piliers immaculés à côtés desquels ils sont si petits.
Ce décor est tellement fantastique que l’on pourrait y rester des heures, que ce soit dans l’eau ou sur la glace. Mais l’heure tourne et il est temps de passer de lancer les autres manips prévues pour l’après-midi. Evrard et Laurent reviennent vers le bateau à vive allure en faisant un crochet vers une énorme arche, espérant passer dessous. Mais le passage sous celle-ci est bloqué d’un côté, et la glace est instable – ils ne s’y attardent pas !
(*) Son film Un Monde de Glace retrace ces moments uniques : https://vimeo.com/120052024