La journée d’aujourd’hui a été consacrée à un véritable déménagement. Nous quittons le piémont Est du karst pour rejoindre un patch forestier plus au Nord le long de la rivière Lindu.
Phil, Pierre, Olivier et Evrard ont décollé tôt pour filmer Evrard au milieu du petit paradis terrestre dans lequel ils se sont perchés, escaladant les parois calcaires, tentant même un saut d’une dizaine de mètres… avant de rentrer au camp en cours de démontage.
Les sacs et l’équipe prennent place dans les pirogues puis dans les plateformes d’un camion et d’un pickup. Ce sont alors quatre heures de route et un contrôle policier de routine qui nous attendent. Un parcours dans un décor d’une tristesse absolue alternant champs de palmiers à huile à perte de vue et lambeaux de forêts primaires en cours de combustion. D’ici quelques années, seul le massif de Matarombeo sera encore sans doute couvert de forêt primaire dans cette branche sud-est de Sulawesi. Le reste aura totalement disparu, ce qui ouvrira la porte alors à ceux qui voient un intérêt économique aux karsts (cimentiers en premier lieu) car le Matarombeo sera alors accessible à leurs engins.
Cette partie du voyage aura au moins eu le mérite de permettre à l’équipe de prendre la mesure des menaces qui pèsent sur les forêts de la région. Pas le peine de dire que l’objectif de ce projet Lost Worlds et l’intérêt de notre présence ici est apparu tout à coup beaucoup plus clair pour chacun de mes compagnons d’aventure.
Nous arrivons après le coucher du soleil à Mataraki, un lieu-dit immanquable puisqu’il s’agit du seul bac permettant aux voitures et camions de franchir la rivière Lindu. Nous décidons d’y dormir sommairement.