Pour certain, la journée commence tôt, 04h30 ! Ce réveil particulièrement matinal trouve une explication assez peu intuitive. Figurez-vous qu’Evrard nous a déniché un hélicoptère pour un repérage du massif par la voie des airs
et que l’appareil doit débarquer a une centaine de mètres seulement du camp. Mais rien ne se passe jamais vraiment comme prévu. L’hélicoptère arrive bel et bien mais ne semble pas nous voir et repart. Je vous épargne les détails de la nouvelle négociation qu’Evrard mène alors après être retourné au village pour discuter directement avec le pilote. Toujours est-il que nous décollons seulement à 16h. Nous, les heureux veinards du jour, ce sont Evrard, Yanick et moi.
Notre chef d’expédition a optimisé le parcours afin de survoler pendant une heure les principaux points qui nous intéressent sur le massif. Lui et Yanick sont aux portes de l’appareil avec leur caméras alors que Jean-michel siège aux côtés du pilote.
Et là, comment vous dire ça ? Tout simplement extraordinaire. Des pointes acérées alternent avec des canyons, dolines, falaises à une altitude moyenne d’environ 1000 m. Seuls les points culminants à près de 1500 m montrent des escarpements nus. C’est un labyrinthe inextricable de calcaire découpé à la manière de lames de rasoirs et couvert de forêt y compris sur ses reliefs les plus improbables. Nous survolons des groupes de calaos qui glissent à la surface de la canopée. Vision stupéfiante d’un monde parfaitement indemne de tout impact direct de l’humanité.
Mais le verdict est sans appel, en aucun cas il nous semble possible de traverser le Matarombeo. Atteindre les plus hauts sommets, même en bordure du karst, est une aventure des plus risquées.
A notre retour, les observations et images rapportées sont sujettes a toutes les discussions et commentaires. Ce monde perdu risque de l’être pour encore longtemps. Les enjeux de l’expédition vont devoir changer de ligne de mire.