QUESTIONNAIRE D’EXPEDITION – Comment vivent-ils? Que ressentent-ils ? Les membres de Mission Scoresby se sont prêtés au jeu du questionnaire d’expédition. Ils ont bien voulu évoquer cette vie hors normes en 10 questions/réponses. Ou plus…
Un sac devant, l’autre derrière, on s’étonne qu’il parvienne à traverser les glaciers (presque) sans tomber. Matthieu Cellard a décidemment quelque chose d’un magicien, lui qui se marre quand on boude, secoue quand on déchoit, stimule, agite, renverse. Un cadreur pas vraiment dans le cadre, funambule des mots et si si, il l’assure, accro à la vaisselle dans l’eau glacée. Vous le trouverez dans une grotte caméra sur l’épaule, sur un glacier drone au-dessus de la tête et toujours avec le sourire. Et pourtant, il en a vu d’autres. Journaliste reporter d’images à Jérusalem pour TF1 pendant quatre ans, aujourd’hui free lance à Istanbul en Turquie, il participe-là à sa cinquième expédition au côté d’Evrard. Et foi de Cellard, c’est « fabuleux ».
La dernière fois que tu as parlé de nourriture ?
C’est pas ma faute, c’est Raphaël, il y a deux heures, qui m’en parlait. Ah non, en fait, c’était il y a cinq minutes.
Ton lyophilisé préféré ?
Sans hésitation, poulet à l’indienne.
Ce que tu es venu chercher ici ?
Des paysages, de la découverte : l’aventure.
Ce que tu rêves de filmer ?
Des narvals, c’est un mythe, comme une licorne. Et j’ai hâte de voir les plongeurs aussi.
L’objet qui ne te quitte jamais ?
Le sifflet, en cas d’attaque d’ours. Ca fait partie de la sécurité.
Ce que tu as préféré filmer ?
Le départ du glacier Apusinikajik. C’était très visuel de voir les porteurs se lancer dans un désert de sable, avec pour décor le cimetière d’icebergs… Je tournais autour d’eux avec mon drone : c’est jusque-là le plus beau vol réalisé.
La scène que tu enrages d’avoir raté ?
La scène de montage de la tente dôme, au camp 2. Une scène de tension et de désaccords. Certains assuraient qu’il fallait la monter d’une façon, d’autres d’une autre manière. C’était très fort.
Ce que tu as appris depuis le début de l’expédition ?
Qu’il faut se mettre au rythme de l’expédition et de ses aléas.
Ce que tu détestes faire dans la vie de camp ?
Déranger Aurélie quand elle dessine quelque chose. Ca m’est déjà arrivé, lorsque l’on a aperçu des lagopèdes au cours d’un portage. Quant aux tâches quotidiennes, ça ne me dérange pas. La plonge, j’adore ça. C’est un moment à moi.
Ce qui t’a le plus surpris au Groenland ?
Je ne m’attendais pas à une telle diversité et à des paysages de cette taille, gigantesques…
A quel film te fait penser cet endroit ?
Justement pour ces paysages hors normes, il me fait penser à certaines scènes du « Seigneur des anneaux ». C’est un peu bateau…
Ton plus beau souvenir ?
Ce qu’on fait demain.
Le pire ?
Clairement dans la gare de train Massy, le jour de mon départ. J’avais avec moi 80 kilos de matériel, personnel et de panneaux solaires. Je m’attendais à avoir un chariot, mais il n’y avait rien ! J’ai dû tout traîner sur 900 mètres. C’était la mission. Deux contrôleurs m’ont regardé sans broncher. Franchement, je leur en veux.
En un mot comment qualifies-tu le portage ?
Nécessaire.
Jameson Land ou Renland ?
Renland sans hésiter : beaucoup plus grandiose, moins commun. Et ces glaciers gigantesques…
Camps 2 ou camps 3 ?
Camps 3. L’idée de pousser plus loin et d’arriver dans cet endroit lunaire, hors du commun.