QUESTIONNAIRE D’EXPEDITION – Comment vivent-ils? Que ressentent-ils ? Les membres de Mission Scoresby se sont prêtés au jeu du questionnaire d’expédition. Ils ont bien voulu évoquer cette vie hors normes en 10 questions/réponses. Ou plus…
Il tend une main et la crevasse du glacier, qui semblait immense, semble soudain bien facile à franchir. Raphaël attend sans s’agacer, apaise les inquiétudes, console les jours de galère. De ses nombreuses années de scoutisme, il en a gardé l’esprit bon camarade, solidaire, et le rire, franc. Aujourd’hui étudiant à l’école d’ingénieur Ense3 à Grenoble, Raphaël Dein a été sélectionné par la Fondation Grenoble INP pour participer à l’expédition Mission Scoresby. S’il résume son rôle à celui de « touche-à-tout », Raphaël, prompt à « filer un coup de main » sans broncher, a une présence quotidienne discrète mais nécessaire. Car la tâche est parfois difficile : il y a ces longues heures de portage, celles passées à poser des capteurs sismiques aux côtés des scientifiques sur des moraines « infernales ». Raphaël soupire parfois, mais le plus souvent prend sur lui ; il « résorbe », dit-il. Comprenez : souffrir sans subir, effleurer ses limites pour mieux comprendre, donner sans attendre… A 23 ans, le Nantais d’origine a les reins bien solides. Et les jambes, aussi. Elles l’ont mené sur les glaciers du Groenland, dans les entrailles des grottes glaciaires et à quelques mètres du sommet de la calotte du Renland. Une aventure qu’il ne vivait, jusque-là, qu’à travers des récits palpitants mais romancés. Aujourd’hui, il peut vivre « pleinement » – et pour de vrai – sa passion pour la montagne.
Que cherchais-tu en venant ici ?
Etoffer ma passion pour la montagne, la vivre pleinement à travers une expérience longue et forte. Comprendre, aussi, comment fonctionne une expédition et la vivre de l’intérieur.
Quel est ton plus beau souvenir ?
De la semoule baignée dans de la soupe de poisson, accompagnée d’une grosse saucisse (rires). En réalité, le départ de l’expédition d’Husavik, en Islande. Il y avait autour de nous des navettes de whale watching -l’observation des baleines – et nous avons eu la chance de voir leurs geisers accompagner notre départ en bateau. Tout le monde était sur le pont. C’était incroyable.
Le pire ?
Ca va encore tourner autour de la nourriture ! C’était un jour où nous avons peu mangé, au retour du lac de Catalinadal, non loin de la diffluence du glacier Edward Bailey. Je suis parti avec Olivier chercher Aurélie, qui dessinait depuis le flanc de la montagne. A notre retour au camp, je me sentais vidé, j’étais visiblement abattu.
Ce que tu as appris dans la vie de camp ?
J’ai déjà fait pas mal dans le scoutisme mais là nous sommes dans des milieux extrêmes, c’est donc différent. Mais cette aventure, qui est humaine avant tout, m’a surtout appris à être pleinement attentif aux autres.
Ce que tu détestes le plus faire dans la vie de camp ?
Poser des capteurs sismiques sur des moraines infernales.
Ce qui t’as surpris au Groenland ?
Tout d’abord les moustiques : c’est étonnant et…désagréable ! Quant aux paysages, même si j’imaginais des montagnes un peu moins escarpées, je m’attendais un peu à ça. On dirait les aiguilles de Chamonix, c’est vraiment magnifique.
Ce que tu rêves de voir encore ici ?
Des animaux, par exemple l’ours polaire. Et le loup arctique, c’est un animal mythique qui m’a toujours fasciné.
Quel est ton livre d’expédition ?
Je lis un livre de Mike Horn, « Conquérant de l’impossible ». J’avoue que je suis relativement déçu. C’est trop brutal.
En un mot, comment définis-tu le portage ?
Résorber. Certains comprendront…
Quel est ton lyophilisé préféré ?
Un lyophilisé dessert : la mousse au chocolat, c’est un carnaval.