QUESTIONNAIRE D’EXPEDITION – Comment vivent-ils? Que ressentent-ils ? Les membres de Mission Scoresby se sont prêtés au jeu du questionnaire d’expédition. Ils ont bien voulu évoquer cette vie hors normes en 10 questions/réponses. Ou plus…
Il est celui que tout le monde attend, le soir, à l’heure du dîner. Philippe, logisticien et homme à tout faire de l’expédition, porte le sourire et le tablier haut. Dans une tente ou à même la glace, qu’importe la cuisine, le goût est là. Et lorsque il annonce le menu : « court bouillon d’omble arctique », des « ho » et « ha » de joie sont à l’image de l’enthousiaste coup de fourchette général. Quand l’heure du rab sonne, Philippe a gagné les faveurs de son public et les mauvais jours sont alors (presque) oubliés… Mais cet ancien pompier volontaire a bien d’autres recettes secrètes dans sa besace : la patience et la gaieté, avec un soupçon de gouaille. Si dans l’art de la blague Philippe a parfois la main lourde, le ton, potache, ne laisse pas d’arrière-goût. Mistral est bien du Sud, il le porte dans son accent et dans son nom ; il y a du soleil dedans. Et s’il y a un ingrédient qu’il a du mal à digérer, c’est bien le drone (aile volante). Au risque de ne pas avoir de dessert, on a quand même évoqué la question.
L’ustensile que tu rêves d’avoir dans ta cuisine d’expédition ?
Ce qui nous manque c’est une louche.
Te laves-tu les mains avant de cuisiner? (Il est interdit de mentir).
Non, pas le temps
Le plat que tu as préféré cuisiner en expédition ?
L’omble arctique, un poisson local
Comment définis tu la faim en expédition?
Comme la fatigue d’une journée de portage, un soucis mineur mais constant. Tant qu’on est pas rassasié, on a toujours faim. Ce que je dois voir c’est la différence entre une sensation de faim normale cumulée à la fatigue et le malaise hypoglycémique imaginaire.
Oui. Si on remplit trop le ventre, on arrive plus à avancer. Le thé et le café permettent de bien s’hydrater. Mais il manque des fruits.
La qualité principale d’un bon logisticien?
La rigueur. Faut pas se planter. Hier par exemple, je pensais qu’il n’y avait pas assez de dessert…Il en restait!
Ce que tu détestes faire dans la vie de camps ?
Passer derrière les autres.
La dernière fois que tu t’es lavé?
Avant-hier, dans la rivière. Mais techniquement, ma dernière vraie douche remonte à plus d’un mois.
Ce que tu es venu chercher en venant ici?
Des gros glaçons.
Le plat inuit que tu rêves de cuisiner?
Un burger de phoque avec des airelles et des myrtilles.
Ce que tu as appris depuis le début de l’expédition?
A utiliser et surtout réparer un réchaud MSR.
Ton plus beau souvenir?
La descente dans un moulin du glacier Apusinikajik. Cette gorge étroite, cette paroi translucide… Je voyais Agnès toute petite au fond. C’était irréel.
Le pire?
Lorsque le drone est tombé à l’eau, sous mes yeux. Il devait servir aux biologistes du Jameson Land dans le comptage des boeufs musqués.
Ce qui t’as surpris en venant ici ?
Beaucoup de choses. Le gigantisme des sommets, des icebergs, de la calotte… Tout est démesuré.
En un mot, comment qualifies-tu le portage?
Un défi.
Le moment préféré de la journée?
Moment de découverte.
Ton lyophilisé préféré?
Crème caramel… Il m’ a étonné.
Ce que tu rêves de voir?
Des narvals…. Ça fait moins peur que les ours.