RECIT – Il scintille au loin, attisant notre curiosité. Nous savons bien que le lac de Catalinadal, que l’on distingue à peine depuis notre camps, vaut bien une marche de plus. Nos jambes, pourtant, sont épuisées par cette longue traversée de la veille à travers moraines et glaciers, et cette première nuit froide, qui cristallise nos crispations.
Au loin, le soleil frappe les flancs des falaises qui se jettent dans le lac et réchauffe nos espoirs. Tandis que Gaëlle et Rafaël enjambent une rivière, puis l’autre, Matthieu le caméran claudique péniblement entre les fissures des glaciers. Un sac devant, un autre derrière, sa drôle d’allure nous fait rire et oublier le poids de nos corps. Rapidement, il met en marche le drone. Son bourdonnement artificiel nous signale le début du tournage : la journée peut enfin commencer.
A bord d’un petit bateau, Evrard s’élance sur ce lac dont nous ne voyons pas la fin ; Eric, lui, enroule une corde autour d’une pierre pour sonder sa profondeur. Elle mesure plus de 45 mètres mais ne touche pas le fond. Jusqu’où descend cette paroi verticale? Où s’écoule son eau? Ces questions sans réponses ne gènent nullement la sieste inattendue sur les rares cailloux chauffés par le soleil de Yann, Rafaël, Agnès, Philippe et Gaëlle. Dans cet après-midi de torpeur générale, Eric, Evrard et Matthieu disparaissent en bateau derrière une colline, notre « mamelon » ; seule Aurélie perchée du haut de sa falaise, à l’ombre du soleil et des regards, peut saisir la joie de ce trio d’explorateurs, que nous autres, préoccupés par la faim et la fatigue, nous ne partageons pas. Ce n’est que le soir, de retour au camps, que les surprenantes découvertes de bourre et de crottes de boeufs musqués trouvés sur ce mystérieux mamelon apaiseront finalement nos esprits affamés.